Le Pardon

 
« Le pardon » est un sujet d’une grande importance pour nous tous. C’est aussi un sujet délicat, un sujet souvent mal compris. Personne ne veut y réfléchir de trop et c’est un sujet qui nous met souvent mal à l’aise. Notre société nous enseigne que pardonner c’est être faible. Elle nous apprend que si nous disons « je te pardonne » c’est comme si rien ne s’était passé. En plus, pardonner est pénible, il nous coûte quelque chose. Nous aimerions être pardonnés mais nous n’aimons pas pardonner ni demander pardon. C’est aussi un sujet qui, après nous être disputés avec nos proches, est parfois trop attaché à nous car même si nous faisons l’effort de pardonner, nous restons blessés en notre fort intérieur.
Lecture de Matthieu 18:21-35
21 Alors Pierre s’approcha de Jésus et lui demanda : Seigneur, si mon frère se rend coupable à mon égard, combien de fois devrai-je lui pardonner ? Irai-je jusqu’à sept fois ?
22 – Non, lui répondit Jésus, je ne te dis pas d’aller jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix fois sept fois. 23 En effet, il en est du royaume des cieux comme d’un roi qui voulut régler ses comptes avec ses serviteurs. 24 Lorsqu’il commença à compter, on lui en présenta un qui lui devait soixante millions de pièces d’argent. 25 Comme ce serviteur n’avait pas de quoi rembourser ce qu’il devait, son maître ordonna de le vendre comme esclave avec sa femme et ses enfants ainsi que tous ses biens pour rembourser sa dette. 26 Le serviteur se jeta alors aux pieds du roi et, se prosternant devant lui, supplia : « Sois patient envers moi et je te rembourserai tout. »
27 Pris de pitié pour lui, son maître le renvoya libre, après lui avoir remis toute sa dette.
28 A peine sorti, ce serviteur rencontra un de ses compagnons de service qui lui devait cent pièces d’argent .Il le saisit à la gorge en criant : « Paie-moi ce que tu me dois ! »
29 Son compagnon se jeta à ses pieds et le supplia : « Sois patient envers moi, lui dit-il, et je te rembourserai tout. »
30 Mais l’autre ne voulut rien entendre. Bien plus : il alla le faire jeter en prison en attendant qu’il ait payé tout ce qu’il lui devait.
31 D’autres compagnons de service, témoins de ce qui s’était passé, en furent profondément attristés et allèrent rapporter toute l’affaire à leur maître. 32 Alors celui-ci fit convoquer le serviteur qui avait agi de la sorte : « Serviteur mauvais ! lui dit-il. Tout ce que tu me devais, je te l’avais remis parce que tu m’en avais supplié. 33 Ne devais-tu pas, toi aussi, avoir pitié de ton compagnon, comme j’ai eu pitié de toi ? »
34 Et, dans sa colère, son maître le livra aux bourreaux jusqu’à ce qu’il ait remboursé toute sa dette.
35 Voilà comment mon Père céleste vous traitera, vous aussi, si chacun de vous ne pardonne pas du fond du cœur à son frère.
Avant d’aller plus loin j’aimerais juste dire quelque chose à propos des paraboles. Dans les paraboles de Jésus nous ne trouvons normalement qu’un thème, un sujet, même si il y a beaucoup de détails intéressants. Il y a des détails dans cette parabole que Jésus utilise pour augmenter l’impact de l’histoire ou pour la mettre dans un contexte connu de ses auditeurs. On pourrait mentionner les bourreaux, la femme et les enfants du serviteur mais, il ne faut pas se distraire du thème majeur de cette parabole.
La question de Pierre
Nous commençons avec la question de Pierre « Seigneur, combien de fois pardonnerai-je à mon frère, lorsqu’il péchera contre moi? » La question de Pierre nous donne la suite de l’enseignement de Jésus sur comment résoudre les conflits entre frères.
Il faut pardonner, mais combien de fois? Les rabbins de l’époque disaient qu’il ne fallait pardonner que 3 fois. Je suppose qu’il fallait compter 1… 2… 3… et ensuite les représailles !!! » Pierre était très généreux. Il était prêt à pardonner 7 fois – Il a doublé l’ordre des rabbins et en ajouté une de plus pour avoir une bonne mesure. Mais que dit Jésus alors? « Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix fois sept fois. » Il nous faut une attitude de pardon permanente envers ceux qui pèchent contre nous. Jésus lui dit par cette phrase, en effet, « Pierre, si tu es en train de compter, tu n’es pas en train de pardonner! »
Suite à cette réponse Jésus raconte une histoire, une parabole dans laquelle se trouvent quelques caractères importants. Il y a le Roi, le serviteur et le collègue du serviteur.
Dans la parabole le Roi représente Dieu. De ce que nous voyons des actes du Roi nous pouvons apprendre comment Dieu agit envers nous. Le serviteur c’est nous – vous et moi. Nous pouvons nous mettre à sa place, peut-être nous pouvons réfléchir à ce que nous aurions fait. Il me semble que la parabole laisse sous-entendre que nous aurions fait la même chose que le serviteur. Le collègue du serviteur représente les gens qui nous entourent.
La question de Pierre est posée au sujet de son « frère ». Nous parlons donc de l’église, de ceux qui sont nos frères et sœurs en Christ. Il est intéressant que nous parlions de l’église et aussi de la famille. Est-ce que vous vous êtes déjà rendu compte qu’il est plus difficile de pardonner à sa famille et aux gens de l’église qu’à tout le reste du monde entier ? C’est parce que ceux qui nous sont proches sont souvent ceux qui sont les plus capables de nous blesser!
Plongeons alors dans l’histoire…
Le Roi veut demander des comptes à ses serviteurs. Ses serviteurs ont des dettes et le Roi exige simplement qu’ils les règlent. Voilà la mise en scène simple de la parabole de Jésus.
La bible nous dit que nous avons aussi une dette à payer. Cette dette s’appelle le péché. C’est le mal que nous avons fait aux autres et surtout à Dieu. Comme le Roi de la parabole, Dieu va demander des comptes aux peuples de la terre pour leurs péchés. Mais cela se passera dans l’avenir, au dernier jour, quand Dieu jugera ce monde. Pour ceux qui ne sont pas chrétiens et qui portent encore la dette du péché il y aura des conséquences.
Romains 6:23 nous dit que la conséquence du péché, autrement dit le salaire du péché, c’est la mort. Pour ceux qui ne connaissent pas Dieu, pour ceux qui ne sont pas chrétiens, il y aura des comptes à rendre. Mais, même aujourd’hui cette dette pend au-dessus de la tête des non-croyants. Elle augmente chaque jour aussi longtemps qu’elle restera impayée.
Le serviteur devait 10.000 talents au Roi. Un talent était égal à 6000 deniers. Un denier équivaut à une journée de travail. Nous voyons l’énormité de la dette et la triste réalité qu’il est impossible de payer. C’est comme si on demandait à Jérome Kerviel de rembourser les 4 milliards d’euros perdus.
Notre serviteur n’en serait qu’à 1,2 milliards. Et c’est cela que Jésus veut que nous comprenions. Nous pouvons essayer de payer la dette du péché nous-mêmes. Nous pouvons dire, comme le serviteur; « Seigneur, aie patience envers moi, et je te paierai tout. » Et nous essayerions de le faire.
Nous pourrions faire du bien, être consciencieux au boulot, être gentils avec nos enfants, notre entourage et ainsi de suite… mais nous ne pouvons pas payer cette dette. Elle est trop grande, trop énorme, au-delà de ce que nous pouvons gérer ou imaginer. Comme le serviteur nous avons besoin de quelqu’un qui peut payer la dette que nous ne pouvons pas payer.
Par son propre choix le Roi pardonne la dette de son serviteur. J’imagine que le serviteur s’attendait à entendre des paroles de condamnation. Il s’attendait à être vendu pour payer sa dette – ce qui était normal à l’époque. Au lieu de cela il se retrouve libre. Sa dette a été annulée, supprimée, effacée, pardonnée. Plus de dette.
Par son propre choix Dieu a fait en sorte que notre dette puisse être pardonnée. Il a envoyé son fils dans ce monde pour mourir afin de payer la dette du péché, dette que nous ne pouvions pas payer. Jésus a vécu une vie parfaite et Dieu a accepté le sacrifice de sa vie pour payer la dette du péché accumulée par notre vie imparfaite.
Sur la croix tous nos méfaits étaient placés sur Jésus. Il est devenu péché pour nous, même s’il n’a jamais péché lui-même. Dieu l’a jugé et il a subi la mort que nous aurions dû subir. Et, en échange, maintenant, nous pouvons avoir la vertu et la droiture de Christ placées sur nous comme notre péché a été placé sur lui.
Un grand échange.
Nous pouvons être déclaré justes devant Dieu! Dieu nous offre, en Jésus, quelqu’un qui peut payer la dette que nous Lui devons.
C’est un peu comme si nous avions un casier judiciaire qui se remplissait à chacun de nos péchés. Au fil de notre vie, le casier se rempli encore et encore et vient le jour du jugement. Lorsque ce jour arrive, Jésus qui est notre meilleur avocat remplace notre casier débordant par son casier « vierge » et grâce à Lui, nous échappons au jugement.
Quelqu’un qui profite de cet échange en plaçant sa foi en Jésus devient un chrétien et sa vie commence à refléter ce qui a été fait pour lui par Dieu. Mais c’est à ce point-là que l’histoire s’écarte du chemin auquel nous aurions pu nous attendre.
Le serviteur a un collègue qui lui devait 100 deniers. 100 deniers égalent environ le salaire de 100 jours de travail pour un ouvrier agricole. C’est une somme conséquente mais pas trop énorme.
(3 mois de salaire)
Cependant, le collègue ne peut pas le payer. Nous nous attendons à ce que le serviteur pardonne la dette de son collègue au vu de la dette qui vient de lui être enlevée. Nous nous attendons à ce que le serviteur ait compassion de son collègue.
Nous nous attendons à ce que le serviteur prenne patience envers son collègue comme le roi a eu patience envers lui. Mais qu’est-ce que nous trouvons… « Il le saisit et l’étrangle, en disant ‘Paie ce que tu me dois’. » Il n’est pas très gentil avec son collègue, il ne pardonne pas son collègue, et, peu après, le collègue se trouve entre les mains des bourreaux « jusqu’à ce qu’il ait payé tout ce qu’il devait ».
Quand quelqu’un nous blesse il y a au moins deux façons de réagir qui sont très négatives, en gros nous pouvons dire : « T’inquiètes pas, ce n’est rien, pas de problème… » et puis nous bouillons de colère en nous-mêmes.
Ou alors nous pouvons dire : « Non, tu es allé trop loin cette fois-ci. Je ne te pardonne plus… » et nous restons fâchés avec la personne qui nous a blessé.
Ce qui se passe c’est qu’une racine d’amertume pousse et nous dévore. Cette racine étrangle notre joie, notre paix et notre relation avec Dieu.
Elle étrangle notre relation avec Dieu, parce que, si nous ne pardonnons pas aux autres Dieu ne nous pardonnera pas. Verset 35 « C’est ainsi que mon Père céleste vous traitera, si chacun de vous ne pardonne à son frère de tout son cœur. » Et c’est avec ces paroles que Jésus conclut sa parabole.
C’est dur à entendre! Si je ne pardonne pas à mon frère de tout mon cœur, Dieu ne me pardonnera pas. Quand nous refusons de pardonner; nous refusons la bénédiction de Dieu. Nous ne parlons pas ici de notre salut éternel. Nous ne cessons pas d’être enfant de Dieu, il ne cesse pas de nous aimer – mais il ne nous bénit pas pendant que nous gardons rancune contre notre frère. Et nous devenons misérables!
Qui ne prie pas en disant ces mots que nous connaissons tous : « Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensé » ?
Notre refus de pardonner montre surtout que nous n’avons pas compris combien nous avons été pardonnés. Si je ne pardonne pas les péchés des autres, c’est parce que je n’ai pas compris combien mon propre péché est grave devant Dieu et combien j’ai été pardonné moi-même. Et c’est là où se trouve le thème majeur de notre parabole. Il faut pardonner parce que nous avons été beaucoup pardonnés nous-mêmes. Nous n’avons pas le droit de garder notre amertume, notre rancune et notre colère contre notre frère parce que Dieu n’a pas gardé sa colère contre nous.
Et si la parabole nous montre un tel écart entre la dette entre serviteurs et la dette entre le serviteur et le roi, c’est parce que notre dette à chacun envers le « Roi » (Dieu) est largement supérieure à la dette que nous pouvons avoir envers notre prochain ou que notre prochain a envers nous. Nous pourrions peut-être nous racheter envers un de nos prochains pour les fautes commises à son encontre mais comment nous racheter des fautes envers Dieu que nous commettons chaque jour ? C’est simplement impossible sans l’action de Jésus.
Le pardon vient de l’amour – l’amour de Dieu pour nous et puis en découle notre amour pour les autres. C’est ceci que le serviteur n’a pas compris et il a payé cher pour son manque de compréhension.
Mais il y a quand même des questions qui se posent et je crois qu’il y en a une qui est plus pressante que les autres. Où se trouve la repentance dans cette histoire. Pour pardonner à quelqu’un, ne faut-il pas qu’il soit repentant?
Oui, c’est l’espérance. L’espérance du pardon. Si la personne qui nous a blessé se repent nous pouvons rétablir la relation avec elle. Nous pouvons laisser la blessure derrière et avancer ensemble – réconciliés.
Entre chrétiens ce doit être comme cela. Nous devrions reconnaître nos torts, nos erreurs, notre péché et essayer d’être réconciliés avec notre frère avant que cela n’aille trop loin. Mais, ce n’est pas toujours comme ça, même entre chrétiens et même entre membres d’une famille. Que faire alors? Quand la personne devant nous ne se repent pas?
Cette parabole ne mentionne pas la repentance. Elle nous donne une vague idée du sujet par rapport au cri du serviteur « Seigneur, aie patience envers moi… » Il a reconnu son tort, mais, il essaye de se sauver lui-même. C’est ainsi aussi avec son collègue – un soupçon de repentance mais il n’y pas assez d’info ici pour bâtir une doctrine de repentance. Il faut aller voir ailleurs dans la bible.
Ce que nous apprenons c’est qu’il nous faut une attitude de pardon, même si nous ne voyons pas une attitude de repentance chez l’autre. De plus nous pouvons dire que si Jésus a raconté cette parabole ainsi c’est parce qu’il veut que nous nous examinions. « Pardonnerai-je à mon frère lorsqu’il péchera contre moi? » – Examinons notre attitude envers les autres.
Nous ne sommes pas là pour juger de la repentance ou de la sincérité de la demande de pardon mais pour pardonner comme Jésus nous pardonne (sans limite).
Nous pouvons pardonner même à une personne qui ne se repend pas. Il y aura surement un manque de réconciliation mais comme la bible le dit : « Ayez de bons rapports les uns avec les autres autant que cela dépendent de vous ».
Il peut arriver que l’on pardonne mais que l’autre n’ait que faire du pardon. Combien de personnes sont pardonnées par Jésus mais n’en ont que faire ?
Il y a beaucoup plus à dire encore au sujet du pardon. Je n’ai pas tout dit, je ne pourrai pas tout dire! Mais, nous avons ici dans cette parabole une base pour prendre la décision de pardonner quand nous avons avez été blessés. Il y a quatre choses que nous pouvons dire à propos du pardon quand nous considérons ce sujet:
Pardonner veut dire que nous n’avons plus rien contre la personne.
Pardonner veut dire que nous abandonnons notre colère et notre amertume, sans nier le fait que nous avons été blessés. Les blessures prennent parfois du temps pour se guérir. C’est idiot de dire « ce n’est rien ». Car c’est quelque chose! Et le pardon admet ce fait. « Il m’a blessé, mais… je lui pardonnerai malgré cette blessure. »
Pardonner ne veut pas dire qu’il n’y a pas de conséquences. Il y aura, peut-être, des conséquences pour celui qui nous a blessés – notre pardon ne l’absout pas de la responsabilité de ses actes. Mais nous renonçons au droit de nous venger de lui.
Pardonner veut dire que nous sommes reconnaissants de ce que nous avons été nous-mêmes pardonnés. Dieu ne tient plus compte de notre péché. Nous n’avons plus de comptes à lui rendre.
Je ne veux pas exiger une certaine réponse précise à ce que je vous ai dit ce matin mais il me semble qu’il est important de bien réfléchir à comment mettre cet enseignement en pratique aujourd’hui même.
Il se peut que nous soyons tellement blessé par le péché d’un autre que nous nous sentons incapables de le pardonner. Depuis longtemps l’affaire traîne dans notre cœur mais nous n’avons jamais pardonné l’autre. C’est maintenant le moment de demander l’aide de Dieu pour vraiment leur pardonner. Demandons-lui qu’il nous donne même le désir de vouloir pardonner.
Peut-être nous gardons toujours de l’amertume ou de la colère contre quelqu’un dans notre cœur c’est maintenant le moment de confesser notre péché et, encore une fois, de demander l’aide de Dieu pour vraiment pardonner.
Si nous savons que quelqu’un a quelque chose contre nous c’est maintenant, devant Dieu, le moment de penser à être réconciliés. Prenons la résolution de mettre ces choses en ordre si cela compte vraiment pour nous.
Dans le psaume 126 se trouve ces paroles: « Qui sème dans les larmes moissonne avec des cris de joie ! »
Pardonner n’est pas facile, c’est même coûteux mais si nous sommes obéissant à la parole de Dieu et que nous pardonnons ceux qui nous ont offensé nous seront bénis.
Pensez au fait que pour nous : pardonner signifie  « effacer la dette »
Mais que pour Jésus : pardonner signifie « porter le poids de nos fautes à notre place pour que nous soyons blanchis devant Dieu, blancs comme neige, considérés comme sans fautes devant le juge.
Jésus est mort pour nous purifier. Notre pardon lui a coûté la vie.
Finalement, il faut dire que même pour pardonner nous avons besoin de la grâce de Dieu. Pardonner est une décision à prendre mais nous ne la prenons pas tout seul. Celui qui nous a pardonné est aussi capable de nous aider à pardonner aux autres, même quand les sentiments nous trompent et que nous voulons rester dans notre petit coin, blessés.

 

Message adapté d’un message de l’église de Libramont https://epelibramont.com/

Retrouvez la lecture de Matthieu 18 v21-35 www.bible.com/fr/bible/21/MAT.18.BDS